Parti Communiste International


POURQUOI NOUS NE SOMMES PAS ANTI-AMÉRICAINS NI ANTI-ISRAÉLIENS

Ce qui nous différencie, nous communistes, de ceux qui se définissent comme tels, mais qui ne sont rien d’autre que des opportunistes et des agents de telle ou telle bourgeoisie, est que, parmi bien d’autres choses, nous ne sommes pas contre l’État américain ou l’État israélien en particulier, mais contre tous les États bourgeois. Tout comme nous nous opposons à tous ces partis et groupes qui sont prêts à s’allier avec un n’importe quel État adverse afin de détruire les États-Unis ou l’État d’Israël. Ce faisant ils deviennent les agents de la bourgeoisie adverse et participent à la guerre impérialiste au lieu de chercher à s’y opposer en appelant le prolétariat à retourner les armes contre sa propre bourgeoisie.

Ces partis ou groupes reproduiraient, aujourd’hui, la tragédie de la première Guerre mondiale et de la Seconde Internationale, dont les Partis Socialistes, avec de subtil distinguo sur le caractère diversement réactionnaire des deux fronts, trahirent le prolétariat en s’alliant avec leur bourgeoisie respective, et en célébrant la guerre patriotique.

Parmi ceux-ci il y a même, ou il y avait, les Brigades Rouges, soi disant révolutionnaires. Mettons de côté leur conception volontariste et idéaliste d’un prolétariat qu’il faut pousser, ou entraîner, à faire la révolution, comme s’il fût un âne bâté. Dans leur haine marquée envers l’impérialisme américain, hier ils ne considéraient pas comme des ennemis les soi-disant pays socialistes, et aujourd’hui ils considèrent comme leur allié l’État irakien avec son régime et sa bourgeoisie, au moins tant que ce dernier affirmait « combattre » l’Amérique.

Les États-Unis sont sans aucun doute le cœur de l’impérialisme et le glaive du Capital mondial. Mais pour nous communistes, l’État américain est un ennemi comme l’est l’État irakien ou celui iranien. Il est évident que les États-Unis et l’Iran ne sont pas la même chose, mais pour les communistes il n’existe plus aujourd’hui d’États moins réactionnaires que les autres, ou un État plus ennemi de son prolétariat qu’un autre.

L’idéologie de ces « ultra-révolutionnaires » a deux pères : Staline et Mussolini. La conception stalinienne et contre-révolutionnaire du socialisme en un seul pays et du bloc des pays socialistes opposés aux pays capitalistes, est identique à celle mussolinienne d’une Italie nation prolétarienne contre les nations ploutocratiques. Les racines de ces deux conceptions se trouvent dans la trahison des partis prolétariens de 1914.

De la même façon de nombreux partis et groupes qui penchent à gauche s’expriment en faveur de la destruction de l’État d’Israël, tandis que la bourgeoisie qui penche à droite qualifie d’antisémite quiconque est contre l’État d’Israël. Nous savons bien que ces deux courants sont tout aussi raciste l’un que l’autre par leur incapacité à toute analyse de classe. Chez eux les facteurs historiques ne sont pas les classes, mais les peuples, qui seraient intrinsèquement bons ou mauvais.

Nous sommes anti-sionistes parce qu’il s’agit d’une idéologie raciste et nationaliste. Nous sommes pour la destruction d’Israël parce que nous sommes pour la destruction de tous les États bourgeois. La libération du prolétariat du Moyen orient, qu’il soit arabe, kurde ou juif, passera par le renversement par la force des différentes bourgeoisies du Moyen-orient et par la destruction de leurs États. La compassion que nous éprouvons pour le massacre du prolétariat palestinien (mais aussi celui israélien) ne nous fait pas oublier les responsabilités de la bourgeoisie palestinienne avec ses organisations, l’OLP, le Hamas, etc... Ces organisations, comme nous l’avons toujours dit, visent à créer une caricature d’État pour la bourgeoisie palestinienne, de manière à prendre en main la répression et l’exploitation du prolétariat palestinien.

L’impérialisme, comme la Bête de l’Apocalypse a plusieurs têtes, et si on lui coupe l’une d’entre elles, elle repousse ! Il ne suffit pas de couper la tête la plus grosse ou deux ou trois d’entre-elles ; il est nécessaire de tuer la Bête. Puisque l’impérialisme n’est que la phase suprême du capitalisme, c’est celui-ci qu’il est nécessaire de tuer. L’impérialisme n’est qu’une superstructure du capitalisme. Cette superstructure peut bien disparaître dans une situation de crise extrême, cependant elle renaîtra inéluctablement de sa base économique : le capitalisme.

Une chose est certaine : une grande partie de ces « ultra-révolutionnaires », au moment où l’on ira vers la guerre de classe et la révolution, se présenteront en rangs serrés dans le front opposé, comme cela est déjà advenu dans l’histoire. Nous savons comment ont fini les tentatives de faire la révolution par étape. Cette tactique, que l’on peut comparer à la parabole de ce héros romain, qui en s’enfuyant, affrontait un ennemi à la fois1, a eu un effet totalement inverse : l’effondrement du front prolétarien et le renforcement de celui bourgeois. Le chemin de la révolution est un chemin escarpé et difficile et n’en déplaise à tous les opportunistes, à tous les immédiatistes, il n’y pas de raccourci, pas d’étape intermédiaire.

Ce qui est à l’ordre du jour, ce n’est pas la lutte contre tel ou tel forme de capitalisme, ou tel ou tel impérialisme, mais l’abolition du capitalisme qui est devenu une entrave au développement des forces productives et qui plonge l’humanité dans une régression digne des âges les plus sombres de son histoire.



1. Les trois Horaces, qui représentaient Rome, affrontaient les 3 Ariaces, qui eux représentaient Albe, ville étrusque rivale de Rome. Les 3 Ariaces furent rapidement blessés, mais deux des Horaces furent tués. Publius Oratius, pour affronter les 3 Curiaces se mit à courir, faisant semblant de fuir. Ces derniers blessés ne pouvaient pas tous courir à la même vitesse. S’étant chacun distancé les uns des autres, Publius les affronta les uns après les autres, tuant chacun d’eux tout à tour.