Parti Communiste International
   

L’IRAK, LA VILAINE GUERRE ENTRE L’EURO ET LE DOLLAR

(Avril 2003)



La crise des colosses

La critique marxiste n’avait pas besoin d’attendre que les tanks américains entrassent à Bagdad, ni assister au spectacle abject offert par les «libérateurs» qui se partagent aujourd’hui les dépouilles du malheureux prolétariat irakien, pour donner de cette guerre une analyse historique et matérialiste.

Pourquoi les USA tenaient ils tant à cette guerre malgré l’opposition des Nations Unis et du Conseil de Sécurité ?
Contrairement à ce que martèlent les officiels soudoyés, ce ne sont pas la «démocratie» et la «liberté» qui sont en jeu en Irak, mais la survie même du gigantesque appareil productif des États Unis. Nonobstant l’utilisation sans scrupules d’une machine de guerre spectaculaire, colossale et bureaucratisée, pourvue d’engins de mort de tout type, il s’agit du côté américain d’une véritable guerre de défense, conduite certainement pas contre la misérable tyrannie de Sadam Hussein, mais contre les démocraties soeurs d’Europe dont les marchandises et les capitaux assiègent de plus en plus les produits étoilés et rayés, et le billet vert.

Après l’effritement de l’URSS et la fin des accords de Yalta qui avaient réglé pendant plus d’un demi siècle les rapports de force dans le monde, les États Unis se sont élevés au rang de première puissance militaire mondiale avec une armée d’une force à peine inférieure à celle de toutes les autres armées du monde réunies.

Mais à cette puissance militaire disproportionnée ne correspond plus une puissance analogue dans la production. La conjoncture économique se présente mal, les États Unis sont en récession depuis plusieurs mois, et, plus important encore, la part relative de la production américaine et de circulation des marchandises et des capitaux sur les marchés mondiaux connaît une chute historique inexorable, comme le travail de notre parti l’a amplement démontré.

Certaines données moins spectaculaires sur l’infra-structure économique se lisent ces jours-ci dans les journaux : «Lors du long boom économique des années ’90, les États Unis attirèrent des capitaux du monde entier parce qu’ils réussirent à créer une extraordinaire confiance dans les possibilités de leur économie (...) Cette confiance conduisit à ’acheter américain’ à des prix croissants, avec un dollar de plus en plus fort et avec une valorisation du titre des actions encore jamais vue dans l’histoire (...). Avec la réalisation pratique en Irak de la nouvelle doctrine de guerres préventives, les termes du contrat ont changé (...). L’Amérique parle désormais aux marchés financiers non d’économie mais de politique. Et en tant que superpuissance militaire et non pas économique. Avec ce nouveau langage, elle inspire l’appréhension et sème l’incertitude d’un côté, et de l’autre elle réclame encore plus de sous» (Il Sole 24 Ore, journal économique est le Financial Times italien, 6 avril 2003). «Le dollar a déjà perdu contre l’euro environ 30% du maximum atteint durant l’année 2000, résultat du ralentissement économique des États Unis», ceci a fait que «les acquis nets d’instruments financiers américains par les étrangers ont été en janvier de 536,82 milliards de dollars, un nouveau record. Mais même les Américains les plus optimistes admettent à contre-coeur que cet énorme flux d’argent vers les États Unis ne pourra pas continuer éternellement (...). Le ralentissement américain persistant a poussé de nombreux investisseurs à choisir la diversification. La Banque centrale russe a admis avoir acquis la monnaie européenne ces derniers mois, portant en 2002 la part des réserves officielles en euro de 10 à 20%, et celle en dollars de 90 à 75%. Il est probable que d’autres banques centrales en aient fait de même. Certaines sources du marché soutiennent que la part globale des réserves de devises en euro pourrait augmenter d’ici la fin de 2003 à 20%, soit 10 fois, voire un peu plus qu’il n’y a un an. (...). Une partie du monde arabe aurait décidé, selon des sources provenant de la presse, de revoir leurs stratégies d’investissement (...). Les pétrodollars auraient donc été en partie remplacés par des pétroeuros. On calcule que les investissements provenant de l’Arabie Saoudite ont une valeur d’environ 800 milliards de dollars (...). En raison d’un choix de diversification, les contrats internationaux en euro et non plus en dollars seraient plus fréquents, même dans le secteur du pétrole». Entre autre, «l’Irak même a commencé depuis quelque temps à indiquer le prix du pétrole en euro. Un geste dont l’imitation est brisée à peine né afin de garantir le rôle impérial des USA» (Revue Guerra e Pace, avril 2003).

Ce n’est pas un mystère que la globalisation est en réalité une centralisation des capitaux aux États Unis. «Les rentes pétrolifères sont aspirées sur le marché financier mondial le long du parcours Londres-Wall Street (depuis quelques décennies l’Arabie Saoudite, avec le Japon, constitue l’un des plus grands financeur de la dette publique des USA), et sont dépensées (surtout en armements) à nouveau vers la même destination. Le pétrole (...) est la partie essentielle du mécanisme qui fait du dollar la monnaie mondiale, et qui soutient l’hégémonie USA (...). L’énorme déficit commercial américain est «soutenable» dans la mesure où ce pays inclut dans son circuit financier les capitaux du monde entier».

Maintenir le primat du dollar est donc pour l’impérialisme américain une question de vie ou de mort, même au prix d’aggraver les contrastes en premier lieu avec l’ Europe, mais aussi avec toutes les aires économiques auxquelles, à travers le Fonds Monétaire International, est imposée la «dollarisation» forcée. La guerre irakienne est la tentative désespérée des USA pour ne pas laisser s’échapper les vaches de l’étable!

Le dollar est dangereusement talonné par l’euro, tandis que la dette extérieure augmente de façon prodigieuse. Le travail économique du parti a confirmé que, même en excluant une récession en Occident, les États Unis, désormais les seconds derrière l’Europe pour la masse de marchandises produites, seront d’ici peu dépassées dans ce secteur par la colossale et bien plus vivace Chine capitaliste. De 1995 à 2000 la croissance moyenne annuelle de l’industrie chinoise a été de 10%. Comme tout capitalisme jeune le capital chinois connaît des rythmes de croissance élevés, alors que le capitalisme moribond de l’Europe et des États Unis se traîne.

Dans cette situation, le capital américain, retranché dans le secteur militaro-industriel en particulier, a décidé de livrer bataille rapidement, et d’utiliser sa puissance militaire afin de chercher à compenser les faiblesses de l’économie et conquérir certaines zones géographiques. En faisant cela, il entend ralentir sa décroissance industrielle, commerciale et bancaire, ou plutôt contenir ou contrôler la croissance des capitalismes concurrents.

D’autre part, le capitalisme de part son mode de production et de consommation brûle des quantités énormes d’énergie, et tous les partis verts du monde n’y pourront rien changer. Les matières premières sont extorquées aux pays où le coût d’extraction est le plus bas, pour être transformées là où les coûts de manufacture sont aussi les plus bas afin d’arriver dans les pays où se trouve un marché capable de les payer au prix fort. Malgré les innombrables Cassandres qui annoncent la fin prochaine des réserves d’or noir, ces dernières sont encore importantes. Et ce qui compte pour les classes dominantes est d’obtenir des sources d’énergie à un bon prix; l’une des raisons de la «dispute» entre bourgeoisies sur l’ Irak, c’est que dans cette région elles peuvent faire main basse sur un pétrole à bas prix d’extraction.
 

Le «pacifisme» des bourgeoisies européennes

Face à ce danger, la France, l’Allemagne, la Russie et la Chine ne pouvaient que condamner, du moins sur le plan diplomatique, la guerre unilatérale de Anglo-saxons contre l’Irak. Les demandes pour la constitution d’une armée commune européenne, en mesure de s’opposer à l’hégémonie américaine, se font de plus en plus pressantes. Dans le soi-disant «mouvement pour la paix» qui rassemble pèle-mêle les dirigeants de la classe dominante des puissances européennes (l’habile Chirac anime ce grand show servi en seconde main par son homologue Schroeder), les sbires syndicaux, la petite-bourgeoisie à la bonne conscience puante, le Pape et son eau bénite, et ... Madonna, l’équivoque est totale. Ce choeur «européen» n’exprime en fait qu’une seule voix, celle du grand capital et de la grande finance européenne attaqués par ses concurrents américains, qui par cette nouvelle guerre veulent lui ravir une partie de son butin et l’empêcher de prendre le leur! Les magnats de la finance et du capital n’ont pas besoin de descendre personnellement dans les rues et d’agiter des bannières, car ils tiennent en main les médias, les partis, les syndicats de régime, la petite bourgeoisie et le prolétariat. Selon leurs intérêts, la guerre est utile ou injuste; ainsi pour les bourgeoisies européennes qui se sont acharnées à se répartir la Yougoslavie, les bombardements sur Belgrade (bien pires que ceux d’aujourd’hui sur l’Irak) étaient nécessaires, tandis que ceux sur Bagdad, où ils se voient passer sous le nez de riches contrats pétroliers, sont injustes. Aujourd’hui, le Capital européen, surmontant ses dissensions et malgré le lâchage anglais, espagnol, et autres petites voix à l’Est, parle de paix pour l’Irak, tout en se préparant à faire «leur» guerre contre leur propre prolétariat. Tandis que les capitalistes américains ont montré à leurs prolétaires, de plus en plus touchés par la crise et de moins en moins convaincus, un méchant et «terroriste» Sadam, ceux européens ont donné la faute au «militariste» Bush. En réalité, tous les capitalismes sont militaristes, le militarisme étant une composante inhérente à ce mode de production. Le prolétariat révolutionnaire a déjà tant de fois répété par la voie du parti marxiste que le problème posé par la société capitaliste, n’est pas l’illusoire problème Guerre-paix, mais celui de prolétariat-bourgeoisie, révolution-contre-révolution, et que la guerre bourgeoise est la guerre des classes dominantes contre le prolétariat de tous les pays. C’est pourquoi le prolétariat ne peut soutenir un mouvement pacifiste qui représente la paix pour le capital sur le dos des prolétaires. Il doit mener avec son parti une lutte décisive contre toutes les guerres impérialistes, quelle qu’en soit la forme, et dénoncer qu’aujourd’hui en Europe ou ailleurs, l’ennemi n’est pas l’Amérique ou l’ Europe, mais les bourgeoisies internationales qui sauront toujours se coaliser entre elles pour anéantir leur ennemi de classe. Le prolétariat qui n’a plus rien à perdre porte en soi l’unique solution historique à la dynamique sociale et économique qui engendre la guerre. Le mouvement pacifiste bourgeois, qui tient dans ses mains les marionnettes petites-bourgeoises moralistes, se meut au contraire dans des contradictions telles, qu’il est voué non seulement à l’impuissance, mais à des virages bellicistes brutaux en fonction des intérêts mouvants du capital.
 

La première guerre du Golfe en ’91 fut une affaire pour le capital américain

Le régime irakien, alors allié de Washington contre l’Iran shite, fut attiré dans un piège, comme tout le monde l’admet désormais.

Le démembrement de la Yougoslavie a renforcé la présences militaire américaine en Méditerranée. L’énorme base militaire construite au Kosovo, non seulement permet de contrôler toute une partie du flanc sud de l’Europe, mais constitue une tête de pont vers le Proche Orient. Les États Unis voulaient élargir leur présence militaire dans la région médio-orientale et le satrape de Bagdad fut utilisé pour créer le casus belli nécessaire pour justifier l’intervention armée américaine. On fit croire au régime bassiste qu’il aurait pu obtenir l’incorporation du Koweït comme juste récompense, au fait d’avoir tenu en respect, par une guerre longue et très sanguinaire, la menace de la puissance émergente de l’Iran shite dans la région, et le turbulent problème kurde au nord. Comme on le sait le régime de Bagdad n’a pas hésité à utiliser les fameuses «armes de destruction de masse», les gaz asphyxiants contre les Kurdes. Ce que l’on sait moins, c’est que ces armes leur furent fournies précisément par les États Unis et que la Grande Bretagne en 1920, dans la même région, avait elle même utilisé le «gaz moutarde» contre les Kurdes!
Les États Unis laissèrent par conséquent la voie libre à l’invasion pour ensuite se charger et se vanter de la libération de l’ Émirat. Dans cette guerre déjà, le régime montra son intrinsèque faiblesse. Des dizaines de milliers de soldats irakiens, ayant jeté leurs fusils dans le sable, s’enfuirent chez eux le long de l’autoroute qui mène à Bagdad. Les troupes américaines se jetèrent à la poursuite des fuyards qui furent massacrés sans pitié par l’aviation américaine, mais elles s’arrêtèrent à la périphérie de Bagdad quand leur parvinrent la nouvelle que la population de Bassora, que Washington avait aussi précédemment encouragée, s’était rebellée contre le régime de Sadam.

Dans un article paru alors sur ce journal, au titre significatif de «Trêve entre armées bourgeoises contre les prolétaires révoltés», nous écrivions : «Dans l’Irak ravagée par les technologies de destruction les plus sophistiquées de la barbarie capitaliste, resurgit le spectre de la question sociale : les prolétaires, les paysans pauvres, les masses exploitées se soulèvent contre celui qui les a conduit à la guerre et à la famine; contre eux se sont immédiatement coalisées les bourgeoisies divisées par la guerre jusqu’à hier; les armées alliées laissent les divisions cuirassées de la Garde Républicaine se déplacer librement dans le pays pour reconquérir les centres tombés dans les mains des révoltés (...). Malheureusement il est très improbable que la révolte de cet après guerre s’étende et triomphe; l’absence de toutes directives de classe la condamne à l’insuccès et, même si la voix révolutionnaire du prolétariat se faisait entendre, la situation particulière du pays, occupé par une centaine de milliers de soldats des États occidentaux, est la garantie pour la bourgeoisie irakienne de la stabilité sociale. Hier, comme aujourd’hui, les Ayatollahs, poussés en avant par l’impérialisme américain, en prenant la tête des mouvements populaires, sont pour la bourgeoisie une garantie de stabilité sociale.. Si la Garde Nationale n’arrive pas à écraser la révolte dans le sang, ce seront les ’libérateurs’ duKoweït, les ’défenseurs du droit international’ qui le feront».

Les ’libérateurs’ ne pouvaient pas intervenir directement pour réprimer la révolte, et il fut nécessaire de recourir encore une fois au boucher de Bagdad. Voici la raison pour laquelle Sadam fut laissé à son poste.
 

Qui a payé la guerre de ’91 et qui paiera celle de 2003 ?

Un fascicule publié par le département des Sciences polytechniques de l’université de Milan rapporte certains calculs économiques relatifs à la guerre contre l’Irak en ’91.

Le coût de la guerre fut de 40 milliards de dollars, couverts pour 25% par les USA et 75% par les pays arabes, en particulier le Koweït et l’Arabie Saoudite. L’argent fut regagné par l’augmentation du prix du pétrole qui avant la guerre était de 15 dollars le baril et s’éleva jusqu’à 42 dollars engendrant une rente estimée à 60 milliards de dollars. Celle-ci fut partagée selon la loi du fifty-fifty en vigueur dans les pays arabes, soit 50% aux pays arabes et 50% aux multinationales qui contrôlaient les gisements; donc 30 milliards aux pays arabes et 30 milliards aux compagnies pétrolières qui au Moyen Orient sont totalement dans les mains des 7 soeurs (Shell, Tamoil, Esso, ...), toutes américaines et dont 5 appartiennent au gouvernement américain. Les 30 milliards de dollars des compagnies ont été ainsi partagés : 21 milliards au gouvernement américain et 9 milliards aux compagnies privées.

En résumé, pour les pays arabes, les dépenses de guerre furent de 30 milliards de dollars, les gains du pétrole de 30 milliards, et donc le bilan fut équilibré. Pour les USA, les dépenses de guerre furent de 10 milliards, le gain de la hausse du pétrole fut de 21 milliards, avec un gain final de 11 milliards. Les compagnies privées américaines eurent des dépenses de guerre égale à 0 et un gain dû à la hausse du pétrole égal à 9 milliards avec un profit final, sans rien faire, de 11 milliards. Il en résulte que dans l’ensemble, les USA eurent un gain net de 20 milliards.

Mais alors qui a payé finalement la guerre ? Tous les consommateurs de pétrole. Mais les 40 milliards de dollars de dépense de guerre ont été encaissés presque totalement par l’industrie belliqueuse qui est de façon prévalante américaine, engendrant un gain direct de 11 milliards, plus 49 milliards de marchandises produites.

Par conséquent la guerre de ’91 contre l’Irak, outre de représenter un premier pas pour changer les rapports de force dans la région et au niveau mondial, fut une affaire optimale pour les États Unis, mais nettement moins pour leurs alliés surtout européens.

Les énormes coûts de la guerre de 2003 ont été anticipés par Washington, qui espère pourtant se rembourser rapidement. «L’impitoyable» régime irakien, de façon inexplicable, n’a pas miné le moindre pont, ou fait sauter une digue; les infrastructures nécessaires à l’exploitation pétrolifère sont toutes à leur place, et la production pourra vite reprendre avec une seule différence : le propriétaire est désormais l’aigle déplumé américain dont l’effigie trône sur le robinet du pétrole; et celui qui voudra participer au banquet irakien devra lui payer son tribut!

La France, l’Allemagne, et la Russie, craignant pour l’issue des contrats milliardaires signés à l’époque avec le «perfide» Sadam, cherchent une stratégie commune pour rentrer de nouveau dans le jeu, mais cette fois-ci le Pentagone n’y est guère favorable; il se refuse à discuter avec l’ONU, ce conseil d’administration des bourgeoisies mondiales qui comme des chefs d’entreprise se répartissent, en fonction des rapports de force économiques et politiques qui les lient, les richesses de la planète. Le gouvernement américain menace ainsi l’ Europe de sanctionner ses marchandises, menant une guerre ouverte contre la France, intime à la Syrie et à l’Iran d’abandonner leur programme de fabrication d’armes «de destruction de massive» s’ils ne veulent pas finir comme l’Irak, ou monnaye la «neutralité» de l’ Iran en neutralisant ses opposants présents en Irak.

Le régime du Capital, poussé par la plus grave crise économique depuis la fin de la seconde guerre mondiale, marche à grands pas vers un troisième massacre mondial.

Comme on le lit dans un de nos «vieux» textes d’il y a plus de 50 ans ; La Corée est le monde : «L’impérialisme est la traduction sous une forme spectaculaire et violente de la crise permanente d’une société en putréfaction : son caractère terrible,la gigantesque cruauté de sa marche ne peut se masquer (...) derrière le battage de la presse ou le bruit des canonnades. La réalité de l’impérialisme, qui porte à son exaspération maximale les tensions, les manifestations de violence, d’arrogance et d’oppression du mode de production bourgeois, conduit et conduira de plus en plus à leurs paroxysmes les contrastes internes à ce mode de production, les raisons objectives de sa décomposition».

Si la guerre trouve sa base de départ dans la défaite du prolétariat occidental dans les années 1920, il revient toutefois à ce dernier aujourd’hui, à distance de presque un siècle, la terrible responsabilité historique et subjective d’affronter les plus grands sacrifices et privations pour se transformer de victime prédestinée du troisième massacre, avec ses frères de classe de tous les pays, en «fossoyeur» de l’odieux système de vie actuel.

La puissance anonyme du Communisme gonfle inexorablement le ventre de l’économie capitaliste. Le capitalisme, en développant les forces productives, crée les bases économiques de la société communiste. Ce qui fait que la société communiste gît et vit déjà au sein de la société bourgeoise. Plus le capitalisme s’étend et se développe et plus il produit sa propre négation, jetant ainsi les bases objectives de la révolution. Dans cette guerre sociale les contrastes entre brigands impérialistes, entre agressés et agresseurs, ne représentent qu’un des aspects. Et cette guerre anti-capitaliste ne pourra que sortir victorieuse.
 

Le prolétariat devait-il résister?

Concernant l’attitude envers la guerre actuelle, la position exprimée par Ingrao sur le Manifesto surprend, mais elle est commune à de nombreux nostalgiques de «gauche» et «d’extrême gauche», des démocrates aux staliniens : l’espérance que les USA se trouvassent face à une résistance acharnée, soit des formations régulières irakiennes, soit des volontaires arabes qui réussiraient, sinon à les battre, du moins à leur donner une leçon! Ce n’est pas cela que nous souhaitons, nous communistes.
La guerre contre l’ Irak, nonobstant la disparité des forces, ne peut être considérée comme une guerre de type coloniale ou nationaliste ; elle est sous tous ses aspects une guerre impérialiste des deux côtés, même si l’un des deux États est mineur et moins développé, cependant bourgeois et l’expression d’une société capitaliste.

Si nous avions pu, nous communistes, nous aurions incité les soldats irakiens à la désertion, à retourner les armes contre leurs officiers et non pas à résister. Nous aurions fait de même sur l’autre front, celui de l’armée américaine qui avec nombre de ses chômeurs prend l’aspect d’une armée de mercenaires. Quant au prolétariat irakien, bien silencieux cette fois-ci, il a au moins compris que cette guerre n’était pas la sienne et qu’il n’avait rien à y gagner!